Etre enfin traités comme des partenaires

Travailleuses et travailleurs de la Culture, militant·es associatifs, et surtout membres depuis plus d’une année de la Task force Culture romande nous avons rassemblé nos forces pour faire remonter les informations du terrain, influencer les mises en oeuvre des mesures de soutien au domaine de la culture. Nous défendons également nos compétences et nos métiers, à travers la campagne #Cultureismyjob, nous avons souhaité nous adresser largement au grand public, aux médias et au politique pour montrer l’étendue de ce que la Culture englobe et les conditions de travail diverses et variées qui cohabitent au sein de ce secteur. 

Nous avons élaboré des sondages, participé à des séances romandes, nationales, échangé, cogité, amené notre pierre à l’édifice, là où la consultation était ouverte. La Task force Culture romande est également représentée au sein d’un groupe d’échanges d’informations et de tendances en lien direct avec certains départements de l’administration fédérale dont celui de M. Berset.

Quelle ne fut pas notre stupeur en prenant connaissance du plan de déconfinement par étapes présenté par le Conseil fédéral mercredi en direct lors de sa conférence de presse.

L’introduction du certificat COVID, alors qu’elle n’avait été qu’abordée dans ces groupes de consultation est maintenant présentée et développée comme une évidence. Certaines, certains jugent cette mesure appropriée et porteuse d’espoir pour la suite de la tenue des activités sportives et culturelles, d’autres la rejettent de façon définitive, d’autres encore, sans doute que nous nous inscrivons à cet endroit, pensent que cette question mériterait au moins un large débat au sein de la société tant les questions éthiques et pratiques que soulève ce certificat sont nombreuses et épineuses.

Depuis le début de l’année, nous demandons à ce que des consultations sur ce genre de mesures puissent avoir lieu, car nous ne pouvons pas nous prononcer sur un phénomène dont la réception et les avis semblent si éparses au sein de nos structures, mais également au sein de la population. Toutefois, nous pensons qu’une consultation la plus large possible aurait permis, le moment venu, de faire mieux accepter ou de générer moins d’angoisse et de frustration vis-à-vis de telles politiques.

Bien sûr, cette mesure pose la question de la liberté de mouvement, elle chamboule le concept d’accessibilité à toutes et tous que soutient une bonne partie des structures que nous représentons. Nous sommes attaché·es à la notion de la culture comme un bien essentiel, un service (au) public. La culture doit être accessible au plus grand nombre, c’est d’ailleurs ce que soutiennent les autorités depuis de nombreuses années. Elle doit pouvoir aussi être pratiquée par la population et il ne faut pas oublier la culture amateur dans ces plans de sortie de crise.  

Comment promouvoir à la fois la médiation culturelle et les restrictions d’accès ? Tout cela sans avoir jamais accepté pour l’instant de procéder à des événements tests à large échelle comme cela a été fait dans d’autres pays européens. 

Évidemment que personne n’est emballé par des restrictions à l’entrée d’événements publics, parce qu’on n’aurait pas pu ou voulu se faire vacciner ; que vont pouvoir faire les plus jeunes cet été ? Ils et elles n’auront peut-être pas accès au vaccin avant la fin de l’été, on les prive donc de concerts et de grands événements durant tout l’été ? Comment les organisateur·es d’événements pourraient être en mesure de faire le tri même s’ils-elles le souhaitaient ?

Et nous en tant qu’actrices et acteurs culturel·les engagé·es depuis le début de la crise, on nous ôte le droit de pouvoir nous prononcer en amont sur de telles mesures.  Le Conseil Fédéral ne se donne pas les moyens d’écouter l’ensemble des professionnel·les concerné·es directement par la mise en place de ces mesures, pas plus que le public. Il perd une fois encore l’occasion d’une consultation démocratique et large. Nous ne pouvons que regretter cet état de fait et exiger d’être enfin traités comme des partenaires.