A l’automne 2021 la situation des acteur·es culturel·les reste très précaire et incertaine.
- Les travailleur·es culturel·les qui génèrent principalement leurs revenus grâce aux spectacles (théâtre, concerts, spectacles, festivals, lectures, etc.) connaissent actuellement une baisse de revenus de l’ordre de 50 à 80 %. Il est difficile de prévoir quand la situation s’améliorera. Si les mesures de soutien prennent fin trop tôt, cela n’entraînera pas une réduction des coûts, mais plutôt un report sur des instruments existants et notamment les institutions d’assurances sociales.
- Les praticien·nes de la culture de toutes les disciplines dépendent des représentations ou des présentations de leurs œuvres (y compris à l’international) pour gagner leur vie. Et au niveau international, les restrictions de voyage, règlements de quarantaine, interdictions d’événements, annulation d’événements, etc, continuent d’impacter fortement la circulation des œuvres et des artistes.
- En 2019, 28% des travailleur·es culturel·les étaient des indépendant·es, ce qui est nettement plus que dans l’ensemble de l’économie (13%)[1]. Outre le risque de nouvelles interdictions d’événements, il ne sera pas facile pour de nombreux·ses travailleur·es culturel·les de reprendre leurs activités normales et, dans certains cas, ils ne pourront pas gagner leur vie dans la mesure habituelle, même en 2022. Avec un revenu médian de 40 000 CHF, une perte de revenu de 30 % est déjà une menace pour leur existence.
- En raison de l’interdiction durable des manifestations en 2020 et 2021, les travailleur·es culturel·les ne n’ont pas pu présenter leurs œuvres devant un public (films, musique, comédies, livres, peintures, pièces de danse et de théâtre, etc.) Certains événements ont pu être reportés en automne 2021 mais les nouvelles créations doivent souvent attendre 2022 voire 2023 ou 2024.
- Les manifestations culturelles ne sont actuellement autorisées que sous conditions (par exemple, certificat Covid). Le public est réticent, ce qui se traduit notamment par la stagnation des ventes anticipées et la diminution de la fréquentation. Le fait que les coûts des tests pour l’obtention d’un certificat Covid devront être payés par le public à partir du 11 octobre 2021 aura également un impact négatif sur le public, et notamment sur la partie des publics qui est déjà économiquement fragilisée. Enfin, de nombreux projets sont confrontés à des coûts supplémentaires (par exemple, en raison des mesures de protection, des besoins en personnel sur place et des dépenses supplémentaires dues aux reports).
- En septembre 2021, les moyennes et petites salles ont 20 à 50 % de public en moins qu’avant le Covid. On ignore pendant combien de temps ce problème va persister. Les manifestations culturelles de grande envergure n’auront guère lieu avant le printemps 2022, car elles ont dû être reportées en raison des difficultés de planification ou pour des raisons économiques.
- De nombreuses associations de culture amateur ne pourront reprendre correctement leurs activités qu’à l’automne 2021. Pour ces associations les représentations constituent souvent une source importante de revenus, or la situation actuelle rend encore très difficile toute planification.
Pour toutes ces raisons il est nécessaire que les mécanismes de compensation des pertes restent en place en 2022. Si cela n’était pas le cas tous les efforts consentis jusque là, tant par les autorités pour soutenir le secteur culturel que par la culture pour s’adapter à cette situation et continuer à rencontrer les publics, auraient été faits en vain.
#cultureismyjob
#elleestloinlasortie
#laculturebienessentiel
[1] (cf. OFS, Die Kulturwirtschaft der Schweiz, Kulturbetriebe und Kulturschaffende, Neuchâtel 2020, p. 25).